Files
Abstract
Le secteur des légumes au Mali a connu une croissance très rapide au cours de la dernière décennie. Les légumes sont produits par de petits agriculteurs dans tout le pays, les principales zones sont situées à Sikasso, Ségou, Kayes, Koulikoro et Bamako. Les légumes de grande importance économique sont le gombo, l'échalote, la tomate, le piment, l'oignon, la laitue, la courge, l'aubergine, le concombre et le chou. La demande de semences des agriculteurs pour ces cultures a été largement satisfaite par des importations de semences, tandis que le secteur informel (c'est-à-dire les semences conservées par les agriculteurs pour leur propre usage et l'échange local) est la principale source de semences pour la plupart des autres légumes, en particulier les légumes traditionnels. Seules de petites quantités de semences de légumes sont produites par le secteur formel au Mali. L'objectif de cette étude était d'examiner le développement de la production locale de semences de légumes au Mali et d'identifier les principaux défis ainsi que les points d'entrée pour son développement. Une attention particulière a été accordée au potentiel de l'irrigation pour stimuler la production locale de semences. L'étude s'est concentrée sur le secteur formel des semences potagères, composé de sociétés semencières, de coopératives semencières et d'agro-distributeurs, sans toutefois ignorer les secteurs informel et semiformel. Les données ont été recueillies par le biais d'une revue de la littérature disponible et de plus de 70 entretiens avec des fonctionnaires, des entreprises semencières, des coopératives de semences, des producteurs de semences individuels, des agro-commerçants et des distributeurs de semences. Les résultats montrent une série de facteurs limitant la production locale de semences de légumes. Bien qu'il y ait eu beaucoup de progrès dans l'organisation des producteurs de semences individuels en coopératives et associations de producteurs de semences, ces organisations sont confrontées à une série de contraintes, notamment la faible capacité technique du personnel, l'accès limité au financement, le manque d'équipement de traitement et d'emballage des semences, et le manque de technologies d'irrigation qui limitent souvent la production de semences à la saison humide. Les agrocommerçants ont mentionné que les semences produites localement ne sont pas aussi attrayantes que les paquets de semences importées. Les semences importées nécessitent un certificat phytosanitaire et un test de germination, mais pas d'enregistrement de la variété. Les variétés produites localement sont soumises à des essais multi-locaux et multi-saisons pour la Valeur pour la Culture et l'Utilisation (VCU) et la Distinction, l'Uniformité et la Stabilité (DUS) puis sont enregistrées dans un catalogue national de variétés végétales avant d'être vulgarisées. En outre, la production locale de semences de légumes est soumise à une certification obligatoire des semences et nécessite officiellement 4 à 5 visites sur le terrain par des inspecteurs du gouvernement, bien qu'en pratique ils aient tendance à ne visiter qu'une seule fois en raison de contraintes de capacité. Ces exigences désavantagent la production locale de semences de légumes par rapport aux importations de semences. Le problème est encore aggravé par le fait que de nombreuses importations de semences échappent aux inspections phytosanitaires et douanières. Certains de ces défis pourraient potentiellement être relevés par l'harmonisation régionale des lois sur les semences, mais les lois sur les semences du Mali ne sont pas encore totalement alignées, les normes n'ont été convenues que pour la tomate et l'oignon, et une liste des parasites et des maladies de quarantaine n'est pas disponible, ce qui limite l'efficacité de l'harmonisation régionale. Il est recommandé d'accorder une plus grande priorité au secteur des semences de légumes dans les politiques gouvernementales. Les lois et règlements sur les semences doivent être revus pour tenir compte de la nature spécifique des légumes. Les exigences liées à l'enregistrement des variétés, à la certification des semences et à la production de semences de base doivent être allégées pour les légumes afin de rendre la production locale de semences plus compétitive. La capacité technique des producteurs de semences locaux doit également être renforcée et ils doivent avoir accès aux équipements de traitement et d'emballage des semences, au stockage, aux équipements d'irrigation améliorés et au financement. Enfin, il est nécessaire d'investir dans la recherche sur l’amélioration variétale locale de légumes afin d'accroître le choix des agriculteurs en matière de variétés adaptées aux conditions locales.